mercredi 27 novembre 2013

PARIS UN "MAMMOUTH" QUI REPRESENTE PLUS DE 50.000 AGENTS


Laurence Albert, des Echos, fait un point sur la gabegie de la gestion de Paris par Delanoë et Hidalgo et dresse un portrait réaliste et peu élogieux de leurs deux mandats municipaux.

PAR LAURENCE ALBERT "LES ECHOS.FR" DU 26 NOVEMBRE 2103
"Des réformes ont été engagées, mais la bureaucratie reste pesante. 

Une ville dans la ville. Chaque jour, 51.000 agents s’emploient à faire tourner la gigantesque machinerie parisienne. A la propreté, dans les écoles, les crèches et, bien sûr, les bureaux. La capitale compte 300 métiers, jusqu’aux plus inattendus : 113 bûcherons, 5 horlogers, un scaphandrier... En y incluant les « satellites » (sociétés d’économie mixte…), on atteindrait même 73.000 personnes, selon l’iFRAP. Une proportion d’agents par nombre d’habitants supérieure à la plupart des grandes villes françaises. 
Cette situation est d’abord un héritage de l’histoire : capitale d’un pays hypercentralisé, Paris fut, jusqu’en 1977, une ville sans maire, entre les mains de l’administration préfectorale. «  Pour acheter la paix sociale et asseoir son pouvoir, Jacques Chirac, élu, a maintenu cette administration pléthorique, à laquelle il a offert le meilleur statut. Il voulait s’entourer des meilleurs parce qu’il considérait que la capitale méritait cela et avait d’autres ambitions personnelles que Paris. C’est une conception qu’a partagée Bertrand Delanoë. A notre arrivée, on a nettoyé les écuries d’Augias, mais pas rationalisé », regrette un ancien proche de Bertrand Delanoë. 
Bien au contraire : l’édile a créé plus de 10.000 postes de fonctionnaire pendant son premier mandat : 3.700 titularisations et 6.000 créations (3.750 sur des nouveaux services et 2.300 pour la RTT). Pour à peine 2.000 suppressions. Soit près de 8.000 postes net en plus. Changement de cap durant le second mandat, où ordre a été donné de ne plus gonfler l’armée mexicaine. Critiqué pour son nombre élevé de « cols blancs », la Ville a redéployé des agents des bureaux vers le public. Elle a aussi fermé des services peu stratégiques (laboratoire d’analyse…) pour en ouvrir de plus utiles (crèches). Au total, les effectifs ont été stabilisés sur le second mandat. 

Faut-il aller plus loin ? Oui, affirme Nathalie Kosciusko-Morizet, qui propose de ne pas remplacer 500 départs en retraite par an. « Certains agents seraient plus utiles ailleurs que là où ils sont affectés », ajoute l’ancien adjoint UMP aux finances Jean-François Legaret. 




La gauche est divisée. «  L’administration est surnuméraire : Paris est une ville finie ! Ces agents doivent être mis au service du Grand Paris », affirme un adjoint au maire. «  Paris n’est pas suradministré, vu les proportions que prennent à chaque fois les réformes », défend Bruno Julliard, adjoint à la culture, ajoutant toutefois : « Nous sommes sans doute arrivés au bout des possibilités de redéploiement. Pour créer de nouveaux services, il va falloir une vaste réforme de l’administration.  » Réforme qui, de l’avis général, n’a pas eu lieu : «  ça n’intéressait pas Delanoë », tacle un élu. 
Depuis 2008, le « mammouth » a commencé à bouger sous la houlette de sa déléguée générale, Véronique Bédague-Hamilius. Des agents ont été priés de « descendre » dans les arrondissements ; les directrices de crèche doivent concevoir des projets ; des directions entières ont été restructurées, informatisées. Au point que Fitch salue « l’une des administrations locales les plus modernes » de France. Mais beaucoup reste à faire. «   Pas question de faire une “RGPP” brutale comme Sarkozy. Mais il y a encore des marges d’efficacité à trouver : moins de lignes hiérarchiques, une transversalité plus productive », reconnaît Anne Hidalgo. 
Un absentéisme élevé
Car, ce qui frappe, c’est le fonctionnement extraordinairement complexe, pesant, centralisé de la machine. Un remplacement d’agent malade peut remonter jusqu’à trois niveaux hiérarchiques. Certains travaillent dans le même service depuis trente ans. Sans compter une productivité inégale, relevée en 2012 par l’inspection générale de la ville. Exemple : «  Les arrondissements lyonnais ont des services des élections plus efficaces, avec 1.300 mouvements par agent parisien contre 2.211 par agent lyonnais. » 
Le principal frein à la compétitivité est l’absentéisme. Paris n’est pas bon élève. Selon le rapport social 2012, le nombre d’absences avoisine 10,8 %, avec des pics dans les professions « pénibles » : 18 % chez les agents techniques de la petite enfance, 16 % chez les éboueurs, 15 % chez les fossoyeurs ! «  L’an passé, Paris a dépassé le million de jours d’absence. Cela coûte 200 millions d’euros, dont 115 millions d’absences non justifiées. C’est de la mauvaise gestion », martèle NKM. D’autres y voient le révélateur d’un malaise interne. La Ville a commencé à s’attaquer au problème, entre management plus resserré (785 entretiens de retour d’absence), menaces de sanctions (de 15 à 20 licenciements) et réflexion sur le bien-être au travail. Elle ouvrira en janvier un centre dédié à la mobilité. 
L. A."


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