vendredi 27 décembre 2013

MUNICIPALES 2014 : PARIS, LA REVOLTE DES "MINABLES"


Le Point.fr - Publié le 24/12/2013 à 12:33 - Modifié le 24/12/2013 à 12:37 
Le NKM bashing bat son plein. Mais ses détracteurs ne se recrutent pas parmi les plus brillants représentants de la droite parisienne. 
 Nathalie Kosciusko-Morizet est sous le feu des critiques depuis quelques jours. © MARTIN BUREAU /

 
Il y a quelque chose de dérisoire dans les banderilles et les peaux de banane que dépose jour après jour la droite parisienne contre sa chef de file Nathalie Kosciusko-Morizet. La liste de ses ennemis fait pitié. Ou rire. Leur pedigree rappelle cette fable de La Fontaine dans laquelle la grenouille rêvait de se faire plus grosse que le boeuf. Jean et Dominique Tiberi d'abord. Leurs reproches tiennent en une phrase que le père - bientôt 79 ans - a martelée sur Europe 1 : "Nathalie Kosciusko-Morizet veut imposer, décider : c'est une dictature." Jean, deux fois condamné dans l'affaire des faux électeurs du 5e arrondissement (vous savez, les morts qui votent !), s'est pourvu en cassation, ce qui suspend sa peine, mais ne l'autorise pas à transformer son fief en monarchie de droit divin dans laquelle le fils succède au père. Par ailleurs, ses collaborateurs à l'hôtel de ville gardent le souvenir d'un mandat marqué par "l'exercice solitaire du pouvoir" et vantent son incontestable talent pour le clientélisme. La famille Tiberi ne sait rien faire d'autre que de la politique, elle transforme sa mairie de la place du Panthéon en "Fort Knox pour fils à papa". Est-ce une raison suffisante pour tirer sur tous ceux qui se promènent en bas de l'immeuble ?
Ma place sur la photo !
Suivent Marie-Claire Carrère-Gée et Géraldine Poirault-Gauvin, qui soudainement s'auto-investissent têtes de liste dans les 14 et 15e arrondissements. Là, l'histoire est plus classique. Elle se résume en cinq mots : ma place sur la photo. Lassées de jouer les seconds couteaux, elles rêvent de devenir calife à la place du calife. La première, épouse de Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel, est élue dans son arrondissement depuis 2008. Lasse de traîner sur le banc des remplaçants, elle rêve d'une place de titulaire. Secrétaire générale de l'Élysée sous Jacques Chirac, elle est spécialiste des problèmes liés à la cohésion sociale et aux retraites. En plus de tarder à se faire un nom, elle n'a jamais livré de bataille électorale, ce qui dans un scrutin de proximité est un sérieux handicap. Quant à Géraldine Poirault-Gauvin, souvent présentée comme une féministe de droite, très en pointe sur les débats portant sur la modernisation des pratiques politiques, elle cumule actuellement les mandats de conseillère de Paris et de conseillère régionale d'Ile-de-France, preuve sans doute que le cumul des mandats n'est pas sa priorité.
Paris vaut bien une messe !
Le plus médiatique est Charles Beigbeder. Comme bien des hommes d'affaires qui ont réussi, il est titillé par le virus de la politique. Il ne faut pas l'en blâmer, l'Assemblée nationale gagnerait à compter plus de chefs d'entreprise que de fonctionnaires. Mais est-ce une raison pour piquer une crise de nerfs lorsqu'on vous propose une place inférieure, mais éligible (nous sommes dans le très "friqué" et bourgeois 8e arrondissement), au lieu de la deuxième... Tout cela, car il faut établir des listes d'union avec l'UDI et le MoDem. Cher Charles, Henri IV, votre célèbre devancier béarnais, avait trouvé le mot juste : "Paris vaut bien une messe !"

La fin de l'histoire est proche. Devant une telle cacophonie, l'habile et réfléchie campagne d'Anne Hidalgo ressemble à une promenade de santé. Bertrand Delanoë lui passe le relais sans barguigner, le Parti communiste s'est rangé sous sa bannière, les Verts et le Parti de gauche semblent en petite forme et les attaques sur le bilan du maire sortant - notamment sur l'explosion de la dette passée de 1,39 milliard d'euros en 2001 à 3,16 milliards en 2013 - deviennent inaudibles. La machine à perdre tourne à plein régime. Déjà en 2001, Jean Tiberi s'était opposé à Philippe Séguin et lui avait fait mordre la poussière. Douze ans plus tard, le même scénario menace de produire les mêmes effets. Les héros sont fatigués. Et les électeurs, n'en parlons pas... 

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