jeudi 20 février 2014

POURQUOI ANNE HIDALGO N'EST PAS A LA HAUTEUR DES ENJEUX

Valérie MONTANDON
Le Huffington Post par Agnès Evren et Valérie Montandon

Endosser le rôle de premier magistrat d'une grande métropole de rayonnement mondial quand on a fait toute sa carrière dans l'ombre, qu'on n'a jamais exercé de responsabilités de premier plan, ni remporté le suffrage des électeurs sur son nom nécessite une mise à niveau dont Mme Hidalgo n'a manifestement pas pris la mesure.

En quelques jours, elle vient de démontrer qu'elle ne sait ni compter, ni décider, ni assumer ses responsabilités.



Comment en effet prétendre gérer Paris, assurer son avenir, son développement économique et son rang international,quand on est comme la première adjointe brouillée avec les chiffres?

Alors que sa propre administration admet que l'objectif de 25% de logements sociaux dans la capitale d'ici 2025, soit 60.000 logements nouveaux, sera impossible à respecter, Mme Hidalgo -soucieuse de plaire à ses nouveaux amis du Parti communiste- vient de mettre la barre à 30%! Un chiffre totalement irréaliste, même si Mme Hidalgo ruinait la ville en rachetant à grands frais les quelques terrains disponibles. L'accord électoral avec le PCF est-il au prix de tels mensonges?


Guère plus sérieuse est son assertion que le plan d'assainissement des finances de la Ville que propose Nathalie Kosciusko-Morizet passerait par 20.000 suppressions de postes de fonctionnaires. A l'inverse des annonces floues de Mme Hidalgo, qui semble découvrir l'état catastrophique des finances de la ville, le plan d'économies de la candidate UMP est parfaitement connu: il passe par la lutte contre l'absentéisme dans les services et le non remplacement de 500 fonctionnaires partant à la retraite chaque année, à partir de 2015. Soit 2500 postes supprimés durant la mandature (Mme Hidalgo en a créé 14.000 en deux mandats).


Décidément fâchée avec les additions, surtout lorsqu'il s'agit d'impôts et taxes, Mme Hidalgo minimise enfin le matraquage fiscal dont les Parisiens sont les victimes depuis 2001. Le taux de la taxe foncière a bel et bien augmenté de 70% entre 2007 et 2012, ce qui constitue, et les études indépendantes le prouvent, la hausse la plus élevée de France...Pourquoi nier un fait aussi facilement vérifiable?

Il faut toutefois donner crédit à la candidate socialiste de savoir compter jusqu'à 36. C'est le nombre d'adjoints qui entourent le maire sortant. Mme Hidalgo reconnaît que c'est beaucoup... sauf qu'elle proposait cet été d'en créer un 37èmepour s'occuper du "monde de la nuit"!

Etre maire, c'est aussi savoir s'engager, décider. En ce domaine, la première adjointe fait preuve d'un talent certain pour entretenir la confusion ou se renier sous la pression des évènements. Sur le travail du dimanche, qu'elle n'a cessé de dénoncer avec vigueur pendant des années (y compris dans un pamphlet publié en 2010), elle a effectué une volte-face tardive en admettant la nécessité de revoir la carte parisienne des zones touristiques permettant l'ouverture dominicale des commerces. Et encore sous "conditions". Lesquelles? Mystère. Il lui restera à faire avaler la pilule à ses alliés qui y sont opposés.

Même changement de ton sur la sécurité, boulet de l'équipe sortante. La voilà soudainement convertie à la vidéoprotection après l'arrestation du tireur qui a semé la terreur dans Paris. Sauf que, là encore, les faits sont là: la ville de Paris n'a financé que 2% du plan d'équipement de Paris en caméras.

Enfin, quel courage dans l'affaire Léonarda et vis-à-vis de ses amis du gouvernement! Après avoir convoqué la presse pour réclamer "avec solennité" le retour de la jeune kosovare et la protection pour sa famille, elle a fait machine arrière deux jours plus tard, après l'intervention ratée du président de la République. Mme Hidalgo, qui voudrait bien garder ses distances avec un président et un gouvernement qui battent des records d'impopularité, ne peut s'empêcher de se mêler de politique nationale, allant même jusqu'à réclamer un remaniement ministériel! 

Le plus grave, face à cette inconséquence, c'est le manque d'idées fortes pour Paris et les Parisiens. Que retient-on du projet d'Anne Hidalgo, sinon des "priorités" démagogiques sur le logement ou des vœux pieux sur les impôts qui ne sont accompagnés d'aucune piste sérieuse de réduction des dépenses? Avoir passé douze ans dans l'ombre de Bertrand Delanoë ne suffit pas à rendre crédible une candidate qui pour l'instant n'a pas su proposer mieux qu'une fête du périphérique, un hôpital pour animaux ou des kiosques à musique.

Les Parisiens méritent mieux.


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